Développer la créativité de l’enfant, c’est du gros bon sens ! Tout comme pour l’apprentissage de la marche qui se fait par étapes, il convient de respecter le stade graphique où il se situe naturellement et surtout, ne pas intervenir de manière à le forcer à être dans un stade plus avancé.
Voici les différents stades graphiques que l’on peut observer dans l’évolution naturelle de l’enfant, quel que soit son milieu, sa culture ou son pays, et qui sont à respecter.
Au stade du gribouillage, on peut observer les premières manifestations graphiques comme les points, les traits, les lignes jusqu’au schéma complet. Ce stade comprend trois étapes : le gribouillis non contrôlé, le gribouillis contrôlé, le gribouillis historié. À cette étape, c’est comme si l’enfant se dotait d’un alphabet graphique qui lui donne accès à un langage symbolique qu’il utilisera par la suite pour représenter, exprimer et symboliser son monde intérieur.
Le gribouillis non contrôlé
Autour d’un an, l’enfant commence à dessiner. C’est pour lui une activité motrice qu’il accomplit pour le plaisir du geste comme toute autre activité ludique. Les traits sont dispersés au hasard sur la surface. Sans se soucier de l’emplacement des traces, des lignes et des points sur la feuille, il dessine sous l’impulsion du moment. Il peut dépasser les limites de la feuille et il ne contrôle pas encore ses mouvements. Il peut même regarder ailleurs pendant qu’il dessine. L’espace a un aspect chaotique, non organisé. Le choix de la couleur se fait au hasard. L’enfant n’a pas d’intention réelle de figuration.
Le gribouillis contrôlé
L’enfant commence à mieux contrôler ses tracés. Il fait un lien entre le geste qu’il pose et la trace qu’il laisse sur la feuille. Il commence à rester à l’intérieur des limites de la feuille. La coordination oeil-main se développe. L’enfant peut tracer des formes isolées ou fermées. Il dessine plus facilement des formes circulaires car c’est plus difficile pour lui de former des angles. On retrouve six diagrammes de base dans ses dessins : la croix, le carré, le cercle, le triangle, la forme baroque qui ressemble à un ovale, la croix oblique. L’enfant combine ces diagrammes pour faire des formes.
Le gribouillis historié
Par lui-même, l’enfant se met à raconter ses dessins. À cette étape du gribouillis historié, on voit apparaître le personnage, la maison et un paysage dans ses dessins. Le schéma surgit.
À cette étape, les schémas se diversifient et l’espace commence à être structuré. Avec les six diagrammes de base, l’enfant dessine un bonhomme, un animal, une maison, des végétaux, des véhicules. Cette étape se vit généralement à son entrée à l’école.
Il dessine ce qu’il ressent et connaît. Ce qui est plus significatif pour lui occupe plus d’espace dans ses dessins. L’enfant distingue maintenant le contenu de son dessin et le contour qu’il peut accentuer avec une ligne plus épaisse. L’objet est représenté à partir de ce que l’enfant en connaît, non pas à partir de ce qu’il voit.
On observe une certaine organisation de l’espace : les objets ne flottent plus dans l’espace, ils deviennent verticaux. La ligne de base apparaît. Les objets sont dessinés de face ou de profil. Le choix des couleurs se fait selon l’émotion du moment, les goûts personnels, le hasard ou en correspondance avec la réalité. L’utilisation de la couleur est déjà plus réfléchie.
Maintenant, l’enfant cherche à représenter sa connaissance des choses. Avec un meilleur contrôle du geste, il lui arrive de respecter les dimensions des objets et des êtres. Les schémas deviennent plus complexes. L’enfant y ajoute des textures et des motifs qui enjolivent ses dessins. Le personnage s’élabore : le corps s’amincit, les vêtements se précisent, le cou apparaît, la taille aussi. Les sujets représentés sont mis en contexte. On observe une ligne de base, droite ou courbe, mince ou épaisse. Les objets sont perçus de manière moins isolée ; il y a des liens entre les choses et les êtres vivants. La couleur est utilisée selon ce que l’enfant connaît ou à des fins décoratives.
À cette étape, le geste devient plus fluide. Les formes réalisées sont plus complexes et moins rigides. Les formes géométriques deviennent plus organiques et détaillées. La raideur caractéristique et l’aspect statique des dessins laissent place à plus de mouvement. L’enfant délaisse l’utilisation de la ligne de base. Il peut superposer des éléments et donner une impression de profondeur. Il cherche à rendre compte de la dimension réelle des objets. Il est préoccupé par la proportion des objets entre eux. Le choix de la couleur se fait selon la réalité ou avec une valeur symbolique. Les couleurs sont mélangées.
Par Jocelyne Petit, auteure, professeure en Techniques d’éducation à l’enfance retraitée, et consultante en petite enfance.
Référence :
Denise Berthiaume, Les arts plastiques en milieu éducatif, Chenelière Éducation, Montréal, 2012.
Thème : Un environnement qui soutient l’apprentissage actif et le développement global de l’enfant
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